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Livre

LE BATEAU IVRE Arthur Rimbaud

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LE BATEAU IVRE Arthur Rimbaud a 17 ans quand il compose ce poème fantasmagorique, totalement surréaliste, fait pour épater le monde littéraire de Paris. Nous sommes en septembre 1871 lorsque Rimbaud quitte Charleville pour porter lui-même ce poème à Verlaine. Quel choc quand Verlaine découvre ce texte qui renouvelle la forme poétique à chaque vers! Il est enthousiasmé et le présente à ses amis. C'est au même âge que je tombai dans la poésie en dévorant Baudelaire et Rimbaud, écrivant aussi des poèmes que j'envoyais à des petits journaux ou que je vendais pour 5.-frs., sur commande. J'avais le sentiment de comprendre Rimbaud et je m'assimilais à sa révolte, à son monde imaginaire, et à sa «voyance». Il ne m'a plus quitté. Depuis longtemps, j'avais envie de traduire en peinture «Le Bateau ivre» qui me paraissait très pictural, avec des images de monstres, de mers, de naufrages et d'accostages. C'est à la découverte du livre alors fraîchement paru de Jean-Luc Steinmetz «Rimbaud, une question de présence», que je décidai de me lancer avec passion dans cette oeuvre. Je dessinai alors, sur un grand cahier, l'esquisse des 25 tableaux. Ensuite, il ne me restait «plus» qu'à les mettre au net sur les toiles, avec des pigments à 'huile bien concentrés que j'allais me procurer à Nice, chez le même fournisseur que Bonnard! Je m'étais fixé de peindre 1 à 3 tableaux par année sans aucun ordre chronologique. A quelques années de distance je me souviens avoir peint deux fois le même sujet. A mon grand étonnement, ils se ressemblaient parfaitement. On a beaucoup épilogué sur les modèles qui auraient inspiré Rimbaud pour le Bateau ivre: -Baudelaire (Le voyage), E. Poe (Les aventures d'Arthur Gordon Pym), Jules Verne (Vingt mille lieues sous les mers), Victor Hugo, Chateaubriand, Les voyages du capitaine Cook, Mallarmé, Dierx (Le Vieux Solitaire) etc. Ce poème me fait penser à l'Odyssée avec le fabuleux voyage d'Ulysse partant de Troie pour revenir jusqu'à sa terre natale, l'île d'Ithaque. Ulysse, comme Rimbaud avec Le Bateau ivre, affronte mille périls; des monstres, des peuples sanguinaires, le pays des Cyclopes, des serpents géants, des panthères, des marais et des gouffre... Et puis des naufrages, des tempêtes et la perte des équipages. L'un et l'autre arrivent finalement désabusés et seuls. Il y a aussi dans ces deux poèmes une similitude de tendresse et de merveilleux. Le pays de la Déesse Calypso, le chant de Circé, l'île des Sirènes pour Ulysse, «Baiser montant aux yeux des mers, phosphores chanteurs», l'aube exaltée, des poisons d'or, des arcs- en-ciel pour Rimbaud. Ulysse, Rimbaud, deux voyageurs qui vont au bout de leurs fantasmes. J.-L- Steinmetz dans sa «Biographie de Rimbaud» (chap. «un collégien à Charleville») nous rapporte le texte suivant: «Il aimait à jouer avec son frère à toutes sortes de jeux. «La navigation» commémore un jeu plus périlleux auquel se livraient couramment les deux frères. Le plus petit des deux marins d'eau douce lève ici les bras au ciel en criant «au secours!» Détail vrai? Toujours est-il que Delahaye, le témoin le plus fable quand on évoque la jeunesse de Rimbaud assurera par la suite qu'il avait remarqué, alors qu'il était jeune collégien, les deux frères s'amusant à faire aller et venir une barque sur la Meuse, en tirant sur la chaîne qui la retenait à la barge. Des esprits décidément perspicaces n'ont pas manqué de rapprocher cet amusement des futurs vers du «Bateau ivre». » Toujours est-il qu'un jour, Rimbaud et son Bateau ivre, partent pour un immense voyage qui les mènera à Paris, Londres, puis Chypre, Batavia, Aden, Harar... et s'achèvera à Marseille, un certain 10 novembre 1891. Le poète avait 37 ans. Pierre Steinmetz

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